Le syndrome de l'imposteur est un concept développé par les chercheuses Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes dans les années 70-80. Pour l'expliquer simplement, le syndrome de l'imposteur provient d'une croyance irrationnelle de ne pas être à sa place et que quelqu'un peut, à tout moment, s'en rendre compte. La personne ne sait pas reconnaitre objectivement son potentiel et dénigre alors ses compétences. Vous le connaissez peut-être sous le nom de " sentiment d'illégitimité ".
Les piliers du syndrome :
Le syndrome de l'imposteur se base sur trois piliers.

Le premier pilier est l'impression de tromper l'autre et donc de ne pas mériter sa place, sa position. Ensuite, on retrouve le biais d'attribution interne. La personne attribue ses réussites à des facteurs externes (facilité de la tâche, hasard, chance, erreur, etc.) et ses échecs à des facteurs internes (manque de compétences par exemple). Finalement, la personne a peur d'être démasquée par son entourage. Cette peur est évidemment irrationnelle puisque la personne a objectivement toutes les compétences ou caractéristiques pour être à sa place. C'est d'ailleurs ce qui la différencie du véritable imposteur.
Le profil de la personne souffrant d'un syndrome de l'imposteur :

Les chercheuses Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes, à l'origine du concept, estiment que plus de 70% de la population a fait, à un moment donné, l'expérience d'un sentiment d'imposture. Il est donc tout à fait probable que, dans votre entourage, vous connaissiez une personne présentant des traits communs avec le profil ci-dessus. Il est même possible que vous vous reconnaissiez dans cette description.
La question du secret est très importante dans ce profil. En effet, il est évident que la crainte d'être découvert et d'être catalogué comme une imposture amène l'individu à se taire. La première chose à travailler en thérapie est donc l'énonciation. La personne n'est alors plus la seule à porter "son vilain secret ".
Chez l’enfant :
L’environnement de l’enfant va jouer une grande importance sur le développement et le maintien d’un sentiment d’imposture. Il existe quatre types d’environnement jouant un rôle dans l'établissement du syndrome.
Le premier est l’idéalisation ou la sur-valorisation de l’enfant. Il intègre alors l’idée qu’il est parfait. Lorsqu’il va échouer (comme n’importe quel enfant finalement), il va penser qu’il est un imposteur puisqu’il ne rencontre pas l’image que tout le monde a de lui.
A l’inverse, le deuxième environnement est absent de renforcement et de valorisation de l’enfant. Ce dernier n’intègre pas de sentiment de confiance, d’estime ou d’efficacité personnelle. Il ne va pas croire en ses compétences ou n’aura pas conscience qu'il en a.
Le troisième milieu est celui de la comparaison. Les enfants sont comparés entre eux (au seine de la fratrie ou vis-à-vis d’un autre environnement). Souvent, on constate qu’il y a un décalage au niveau de la comparaison : un enfant va être valorisé à l’école et pas à la maison. Or, on constate que les enfants accordent plus d’importance voire se focalisent sur l’appréciation parentale.
Finalement, le dernier environnement est plus en lien avec le profil de l’enfant (HP, profils atypiques, syndrome d’Asperger, etc.). Chez ces enfants, les compétences sont différentes et donc pas toujours reconnues. L’enfant n’intègre pas un sentiment de confiance et de compétence.
Ces sentiments qui sont là, dès l’enfance, vont évoluer différemment chez chacun. Cela va évidemment dépendre du contexte. Soit, il arrivera à relativiser et à s’en détacher, soit ses sentiments fluctueront en fonction des situations dans lequel il se trouve.
Quelques solutions :
La personne est confrontée à un stress chronique (faible mais omniprésent). Il est donc important de pouvoir augmenter le sentiment de compétence, par exemple, via des listes d’accomplissement. Après avoir accompli quelque chose, on a tendance à passer à l’étape suivante sans prendre le temps d’observer ce qu’on a déjà réalisé. Cela vient nourrir notre sentiment d’imposture mais cela peut également nous rendre malheureux.
C’est important de pouvoir également déconstruire le sentiment d’imposture : "dans quelles situations est-ce-que je le ressens ? " Si vous n’avez pas l’occasion de le travailler en thérapie, il peut être intéressant d’avoir un journal pour avoir à disposition vos accomplissements mais également les compliments que vous avez pu recevoir et qui viennent souligner vos compétences. Le journal permet également de comprendre comment ce syndrome s’est installé. Sachez qu'il y a autant de syndromes de l’imposteur que ceux qui l’expriment et le vivent. Il n'y a donc pas de baguette magique pour en sortir !
Comme cela a déjà été précité, il est important d’en parler. Cela permet non seulement de normaliser les sentiments mais également de sortir du secret. Finalement, on travaille ensuite sur un ressenti et non sur un fait.
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